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Le nom d'Albert Ayme est de plus en plus cité comme celui d'un artiste français majeur, pourtant inconnu du "grand public". Il fut l'inventeur de la toile "libre" (sans chassis) au début des années soixante (suivi quelques années plus tard par le mouvement support-surface, qui passe parfois à tort comme inventeur du procédé), puis du "relief soustractif " (au contraire d'un Jean Arp, p.e.), puis celui de la "superposition transparente" des trois couleurs primaires, puis celui d'une authentique abstraction en peinture (c'est à dire musicale), à l'exclusion de tout "signifié extra-pictural", puis… mais on n'en finirait pas d'énumérer et de commenter les apports historiques  d'Albert Ayme à la peinture d'aujourd'hui.

Ainsi la méthode de superposition transparente permet à Ayme de décliner une oeuvre en plusieurs formats et supports différents : ce sont bien tous des originaux, de la main de l'artiste, sujets tout au plus à d'infimes variations dans les formats et dans l'ordre de passage des couleurs. Cette méthode conduit du même coup à s'affranchir de "l'exemplaire unique" comme garant d'authenticité.

Dans le cas de la Suite en jaune, Albert Ayme a réalisé (de sa main) huit "portfolios" contenant chacun les dix oeuvres re-produites (c'est à dire produites à nouveau, et non pas reproduites, par quelques procédé que ce soit; on peut d'ailleurs compter sur les doigts d'une main le nombre de multiples, séri- ou litho-graphies, autorisés par l'artiste). C'est le huitième portfolio, que l'artiste se réservait, et que la galerie de Thorigny présente aujourd'hui.

La suite en jaune n°1 constitue à n'en pas douter un chef d'oeuvre de l'art abstrait. D'ailleurs la conservatrice du musée Réattu (d'Arles) ne s'y est pas trompée, qui a acquis en 2007 les 27 toiles que comptent les trois suites "à la gloire de Van Gogh".

Il pourrait paraitre paradoxal de dénommer "suite en jaune" un ensemble de peintures où domine apparement… la couleur rouge ! C'est que le rouge est sujet à de subtiles nuances, selon qu'il est pur ou que le jaune passe dessus ou encore qu'il passe dessous : dans les deux derniers cas au moins, le jaune est bien présent, et il "sourd" sous (ou bien par-dessus) le rouge/orangé. 

Olivier Bouquillard,
président de la Galerie de Thorigny

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